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Histoire de synchro : comment une pub pour Peugeot a rendu Jabberwocky célèbre

 

On a tous entonné ce titre. C’était en 2013, une publicité pour la Peugeot 208 colle le morceau Photomaton dans l’inconscient collectif, et révèle trois étudiants en médecine du nom de Jabberwocky. C’est l’effet synchro, lorsqu’une musique est la bande-originale d’une publicité. Comment faire ? Assure-t-elle un succès immédiat ? Que faut-il éviter ? Réponses avec Simon Louis Pasquier, de Jabberwocky. 

 

 

 

Par Trax Magazine
En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

« La synchro pour nous, c’était l’inconnu », se remémore Simon Louis Pasquier. Avec son groupe Jabberwocky, Simon a connu ce boost immense dans sa carrière de musicien, ce moment où tout décolle d’un coup. C’était grâce à un seul morceau, le titre Photomaton, repris comme bande-originale d’une publicité Peugeot 208 par l’agence BETC. Ce qu’il s’est passé et comment ? Quelle est la voie pavée pour faire une synchronisation, et qu’est-ce que cela apporte à son projet musical ? Le musicien nous dit tout. 

 

Comment passe-t-on de sa chambre, avec son morceau terminé, à être la B.O. d’une publicité vue par des millions de personnes ?

On n’avait rien prévu. Photomaton est sorti, et on a été approché par des éditeurs qui sont venus avec l’opportunité de faire une synchro. On nous a expliqué que c’était pour Peugeot, la présentation d’une nouvelle voiture. Et surtout, et c’est ce qui était important pour nous, qu’un effort particulier était fait sur cette synchro, avec un vrai travail sur le visuel et sur l’histoire de la publicité. Cet important travail esthétique, c’est ce qui nous a plu. 

 

On doit souvent modifier son morceau quand on se voit proposer un tel projet. Avez-vous hésité ?

Au contraire, on était hyper motivés pour voir le spot et imaginer ce qui pouvait être fait dessus. Voir la pub, ça permet de se rendre compte de ce que ça va donner. Une fois qu’on l’a visionnée, on est retourné en studio pour faire plusieurs versions du titre (des « edits », ndlr). Et justement, on était contents que notre titre ne perde pas du tout son âme. Il y avait toute une place laissée à la musique. Et puis, dans Jabberwocky, on est assez friands de ce qui touche à l’onirisme, à l’univers, à l’imaginaire… Ça collait bien. 

 

 

Que vous a apporté cette synchronisation ?

Dans un sens, on remercie cette opportunité car, en comparaison à d’autres médias de diffusion, ce genre de vitrine touche un public très large. Certains n’auraient sans doute pas eu accès à notre morceau sans ça. Et puis, il y a un aspect financier non négligeable. Les synchronisations se font de plus en plus aussi parce que cela fait partie de l’économie des artistes pour gagner leur vie, et derrière, ce qui leur permet de financer leur projet. Nous avons fait d’autres synchronisations depuis, des films pour Cacharel par exemple. Ce sont des opportunités. Pour l’instant, on a peut-être eu de la chance, il ne nous est jamais arrivé de refuser une synchro. Et nous n’avons jamais eu besoin de dénaturer une chanson.

 

Finalement, n’est-ce pas le plus important lors d’une synchro, de ne pas perdre l’âme de son morceau ? 

C’est toujours important de pouvoir choisir pour qui et pourquoi on le fait. Ne pas y aller seulement pour l’aspect financier, bien que ce soit tentant lorsqu’on est un groupe en développement. Il faut aussi faire attention à la marque, ce qu’elle représente, pour voir si ça colle, si le groupe veut la représenter. Je vois par exemple assez mal un groupe qui défendrait le bien-être ou le bio faire une synchro sur une marque de fast-food. Dans tous les cas, il faut bien s’entourer, et garder confiance en soi et son morceau.

 

Propos recueillis par Angèle Chatelier