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5 tendances qui prouvent que la musique électronique va continuer d'exploser en France

 

Par Trax magazine
En partenariat avec Electronic Music Factory
22/11/2018

 

Cet article est également publié sur le site du magazine TRAX.
Par Isma Le Dantec

 

Quel sera le public de l'événementiel des musiques électroniques en 2019 ? Loin des élucubrations comateuses et prémonitoires entendues en after, Shotgun publie une analyse chiffrée, compartimentée et précise des comportements et tendances d'aujourd'hui, basée sur des données récoltées via Facebook, Resident Advisor et leur propre billetterie spécialisée.

 

Si la musique électronique a jadis pris racine dans l'underground libertaire et anti-système, son expansion fut telle qu’elle est aujourd’hui devenue un mouvement générationnel, et un véritable marché. C’est ce dernier qu’analyse Shotgun, service de billetterie en ligne spécialisé dans l’événementiel des musiques électroniques. Le pôle recherche de la billetterie propose dans un rapport présenté à la dernière Paris Electronic Week en septembre une nouvelle approche qui complète une première analyse publiée par la Sacem en 2016, portant déjà sur ce marché des musiques électroniques.
Cette fois-ci, Shotgun choisit le prisme de l’événementiel et s’appuie sur une méthodologie innovante qui croise ses bases de données avec celles de Facebook, Resident Advisor et Soundcloud pour une approche quantitative, qualitative, dynamique, anonyme et macroscopique. La finalité de cette étude? Mieux comprendre le secteur des musiques électroniques de manière à le défendre auprès des institutions qui le régulent. Après la lecture de ce rapport sur le marché événementiel des musiques électroniques en France, Trax en déduit 5 grandes tendances qui définiront le public de 2019. 

 

Un public proportionnellement de moins en moins parisien 

Si l’Île-de-France a longtemps été la mégalopole de la fête, la dynamique actuelle tend au rééquilibrage. La région Centre (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Centre) est l’exemple même de ce développement : son taux d’offre s’est multiplié par 6,19 depuis 2014, et celui de demande par plus de 10. On observe des évolutions similaires dans les régions du Nord et du Sud-Ouest (Nouvelle Aquitaine-Occitanie). La région parisienne qui, en 2014, détenait environ 65% du marché évènementiel (offre comme demande), n’en détient plus que 53% en 2017. Le nouveau foyer de la scène électronique qui pourrait voir en 2019 sa véritable ébullition est… la Bretagne ! Terreau propice aux free-parties champêtres interminables, le quart nord-ouest de l’hexagone offre un nombre assez hallucinant de festivals : Visions, Astropolis, le Château de Kergrist, Panoramas… une offre de plus en plus qualitative et diversifiée qui attire un public intarissable, friand d’embruns, de kouign-amann et de gros caissons.

 

Un public prêt à faire des kilomètres pour du bon son et des expériences inédites

Le tourisme électronique se dessine comme une nouvelle manière de voyager pour 54% des interrogés. Qui n’a jamais tracé pour son été une route des meilleurs festivals européens ? L’événement musical électronique devient une motivation de déplacement récréatif, une manière de combiner découvertes auditives et socio-culturelles. Pas sûr que cartes postales, visites d’églises pittoresques et musées locaux ne passent pas à la trappe après 4 jours au Dekmantel. Pour autant, 83% des participants se disent satisfaits de l’offre événementielle de leur région, ce qui ne les empêche pas d’aller voir si les basses percutent plus dans le jardin du voisin. 

Un public qui plébiscite les collectifs 

« La croissance des événements organisés par des collectifs est phénoménale. Depuis 2014, elle a été multipliée par sept » : en 2017, près des trois quarts des 4.620 événements à la programmation électronique comptabilisés par l’étude étaient organisés par des collectifs. Le collectif, grand prince de 2019 ? Cette tendance s’explique par une demande de plus en plus spécialisée et diversifiée, à laquelle les collectifs, mobiles, flexibles et eux même souvent sertis d’une ligne artistique cloisonnée peuvent aisément répondre. Cette expansion fulgurante du collectif comme organisateur d’événement de musiques électroniques se répercute d’ailleurs sur la résurgence de certains sous-genres musicaux : les intentions de sortie sur des événements acid house ont été multipliées par 8 en 4 ans. L’indus, la psytrance et la minimale voient leur croissance prendre 6 points. Pour des genres initialement de niche, ce regain de vitalité n’a rien d’anodin et s’associe assez clairement avec la résurgence des warehouses, raves et free-parties. 

 

Un public de plus en plus pointu

Si les musiques électroniques se sont diversifiées, donnant naissance à une multitude de sous-genres, tandis que d’un même mouvement elles se démocratisaient, devenant accessibles à un public grandissant, ce dernier est devenu de plus en plus pointu. Expert en sous-genres et insatisfait par les événements commerciaux et fourre-tout, il est en demande de concepts innovants, musicalement et esthétiquement, d’expériences multisensorielles. Ainsi se réinventent les festivals pluridisciplinaires faisant appel aux arts visuels et interactifs, comme le Château Perché. Ce public pointu et expérimenté a simultanément perdu sa prime homogénéité : il est désormais fragmenté selon les sous genres musicaux et types d’événements (à quand une nette distinction linguistique et vestimentaire ?).

 

Un public qui en demande toujours plus

S’il y a bien une chose qui ressort clairement de cette étude, c’est que le marché événementiel des musiques électroniques n’a pas à craindre une décrue de son public. La musique électronique est l’un des rares domaines qui peuvent se targuer d’une multiplication de la demande par 6, et de l'offre par 4 sur quatre ans. Le dynamisme de la demande, avec un taux de croissance quasiment deux fois plus élevé que celui de l’offre, laisse présager les plus optimistes perspectives aux organisateurs d’événements électroniques sur un marché qui est, de facto, loin d’être saturé. Cela s’explique par un public de plus en plus nombreux et diversifié, mais aussi par le fait qu’il s’agisse d’un public très (très) fêtard :  34% des sondés sortent au moins 1 fois par semaine, 50% une ou deux fois par mois. Il s‘agit également d’un public assez exclusif : 86% des interrogés déclarent sortir principalement dans le cadre d’évènements liés aux musiques électroniques.