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Le festival Marsatac inaugure Safer, une appli pour dénoncer les agressions sexuelles

 

Ce nouvel outil permettra aux festivaliers de dénoncer les agressions sexuelles ou sexistes lors de Marsatac, les 20, 21 et 22 août. Si le dispositif est un succès, il pourra être développé dans des événements de toute la France et même à l'étranger.

 

18 août 2021

 

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© Valentin Antonini / Marsatac

 

Prévenir, éduquer, sécuriser. « Safer » se présente comme une réponse polyphonique au problème complexe des agressions sexuelles en milieu festif. Le dispositif sera expérimenté pour la première fois à Marsatac du 20 au 22 août, grâce à dix bénévoles formés en amont pour intervenir parmi les 5000 festivaliers à Marseille. « Ils ont été sensibilisés au consentement et aux réactions à avoir en cas d'agression au travers d'un mooc d'1h 30, élaboré avec l'association Consentis », précise Marc Brielles, coordinateur en charge du projet au sein d'Orane, l'association organisatrice de Marsatac. « On a eu l'idée de développer ce programme pendant l'année blanche de 2020, et on a reçu le soutien financier du ministère de la Culture, du Crédit Mutuel et du Centre National de Musique. Nous avons développé nos outils en partenariat avec des associations féministes comme Consentis et Act Right ».

Concrètement, comment ça marche ? Sur place, les festivaliers pourront télécharger une application géolocalisée permettant de lancer une alerte s'ils sont témoins ou victimes de violences sexistes ou sexuelles. Les bénévoles recevront alors une notification, et se déplaceront pour désamorcer la situation et mettre la victime en sécurité. « Trois niveaux d'alerte sont disponibles sur l'application : je me sens gêné.e, je me sens harcelé.e, je me sens en danger. Dans le troisième cas, les bénévoles préviendront les équipes de sécurité pour qu'elles jouent leur rôle », précise Marc Brielles. Un stand dédié à la prévention et à l'écoute sera également installé dans le festival.

 

Un développement prévu dans toute la France

 

Cette inauguration à Marseille correspond à une entrée en phase d'essai, qui permettra de voir comment le public s'empare de cet outil, s'il a un effet dissuasif sur les éventuels agresseurs et si la médiation des bénévoles s'avère efficace. Après cette première expérimentation, Safer doit aussi être testé en octobre au rendez-vous techno caennais Nordik Impakt, et à la convention professionnelle MaMA à Paris.

Cet engouement en est la preuve, la mise en sommeil des événements culturels de masse pendant la pandémie de covid-19 permis une prise de conscience. L'ampleur et la gravité des violences sexuelles et sexistes en milieu festif sont de mieux en mieux connues. Rappelons que selon une enquête menée par Consentis en 2018, 41 % des personnes interrogées déclarent avoir déjà été agressées dans ces espaces. Surtout, les équipes organisatrices comprennent qu'il est de leur responsabilité d'agir pour la sécurité de tous les festivaliers. « L'enjeu est de changer les comportements, et cela passera d'abord par le dialogue. Comme avec #metoo dans le monde du cinéma, il faut lever les tabous sur les comportements sexistes, pour que chacun se montre plus vigilent. », insiste Marc Brielles. À la fin du mois d'août, il travaillera à la rédaction d'un bilan de l'utilisation de Safer à Marsatac, pour évaluer son impact et améliorer son efficacité. De nombreux autres festivals ont déjà manifesté leur intérêt. Si le dispositif est un succès, il pourrait être adopté dès 2022 par le Hellfest, les Nuits Sonores, Panorama et même Summer Sonic, un festival de rock japonais.

 

C. Laborie