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#MusicToo, une plateforme pour lutter contre les violences sexistes dans l'industrie musicale

 

Trois ans après l'émergence du mouvement #Metoo à Hollywood, des activistes appellent à la libération de la parole.

 

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© Lightfields Studio

Par Trax Magazine
En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

En février dernier, les violoniste et violoncelliste Camille et Julie Berthollet donnaient un aperçu glaçant des dessous de la musique classique dans un témoignage sur Loopsider : attouchements, sentiment d'être réduites à leur tenue et à leur physique, remarques sexistes...

L'initiative #MusicToo, lancée le lundi 20 juillet via une page Instagram, s'est donné l'objectif de mettre fin à l'impunité. Dans leur manifeste, les militant.e.s à l'origine du projet rappellent que dans ce secteur « dominé par les hommes », « le rapport de pouvoir est tel que les abus - en nombre - ne sont jamais dénoncés ». « Nous constatons d'impunité des agresseurs […] qui n'ont aucune raison d'arrêter leurs agissements si personne ne parle ».

 

 

Un formulaire de témoignage pour dénoncer les agressions

 

Jusqu'au 30 septembre, ces internautes anonymes se sont donc donné pour mission de recueillir des témoignages de violences sexistes et sexuelles. Afin de faciliter les démarches, un formulaire de témoignage est mis en ligne. En travaillant avec des avocates et des associations, elles espèrent apporter une aide psychologique aux victimes et obtenir des relais médiatiques pour alerter l'opinion publique. Plus de vingt témoignages auraient déjà été recensés. Le but est aussi de rassembler les différentes victimes d'un.e même agresseur.se, afin de permettre des actions en justice conjointes.

 

Des plateformes féministes toujours plus nombreuses

 

Cette nouvelle plateforme prend vie quelques semaines après un scandale visant le DJ Bassnectar, l'une des plus célèbres figures de la bass music américaine. Un compte Instagram nommé @evidenceagainstbassnectar a rendu publiques des accusations d’agressions sexuelles, certaines émanant de femmes mineures au moment des faits présumés. Dans un communiqué diffusé le 3 juillet, le musicien a évoqué des « rumeurs [...] fausses », tout en annonçant la mise en suspens de sa carrière.

Les prises de paroles contre le sexisme dans la musique ne sont pas nouvelles. En avril 2019, Kittin, Jeanne Added et DJ Chloé ainsi que de nombreuses stars de la chanson française signaient dans Télérama le manifeste du collectif F.E.M.M, rejointes par 1000 professionnelles du secteur. Leur cri d'alerte ne semble pas avoir été entendu. L'enquête du collectif CURA, présentée au MaMA festival en octobre dernier, dévoilait qu'une femme interrogée sur trois aurait été victime de harcèlement sexuel au cours de sa carrière. Les musiciennes n'ont pas les mêmes chances de diffuser et de faire progresser leur carrière : d'après un rapport du Haut Conseil à l’Égalité datant de 2018, en France, 97% des groupes programmés par les grands festivals de musique sont composés exclusivement ou majoritairement d'hommes. À l'international comme en France, des collectifs et plateformes comme Female:Pressure, shesaid.so ou plus récemment Des Colérées et DIVA se battent pour dénoncer les violences sexistes dans le monde de la musique. En 2020, elles ne veulent plus attendre pour atteindre la parité et l'égalité des chances.

 

C. Laborie

 

22 juillet 2020