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Professionnels de la musique français, c'est le moment de vous lancer en Asie !

 

Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas sauter dans un vol pour Seoul ou Bangkok qu'on ne peut pas espérer développer sa carrière en terres asiatiques. Pour les spécialistes de l’Asie, le moment serait même propice pour chercher à tisser un réseau. À la veille de Get Wired, salon professionnel organisé à Kuala Lumpur les 16 et 17 juillet 2020, tour d’horizon avec les opérateurs chargés de l’export et de la promotion de nos artistes à l’international.    

 

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Seoul © Saveliy Bobov

 

Par Trax Magazine
En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

Le 12 décembre dernier, l'écurie Ed Banger prenait le contrôle des platines du Zouk, célèbre club de Singapour, pour toute une soirée. Busy P, Breakbot & Irfane, Myd et Yasmin étaient de la partie. Les Parisiens de Roche Musique, eux, sont passés par Bangkok, Singapour et Seoul au début du mois de mai 2019, après une tournée entre la Chine et la Thaïlande en 2018. Ces success stories font rêver, mais elles sont encore rares pour les DJs français. Car si la culture hexagonale jouit d'une très bonne image dans des pays comme le Japon, la Corée ou encore la Thaïlande, les marchés y sont difficiles à comprendre et à pénétrer.

 

 

Pour tenter de développer un projet musical en Asie, il est toujours préférable de passer par des contacts privilégiés sur place, afin de comprendre les enjeux et fonctionnement du marché dans chaque pays. Des structures comme le Bureau Export, qui s’occupe de développer les artistes français à l’international, peuvent être d’une aide précieuse pour se constituer un réseau. "Les DJs français ont des opportunités à saisir : la musique électronique est l'esthétique la mieux identifiée dans la région, notamment parce qu'il n'y a pas la barrière de la langue – il est bien plus difficile d'exporter des morceaux pop chantés en français", analyse Matthieu Datriguenave, attaché régional basé à l'Ambassade de France à Singapour. En Thaïlande, en Malaisie, aux Philippines et au Vietnam, les grands festivals estivaux programment souvent des DJs venus d'Europe. Puisqu'ils sont fréquentés par des touristes, des expatriés et des locaux, ils peuvent être un tremplin pour intégrer les marchés locaux. La Corée et le Japon, ou la house et la techno occidentale restent des musiques de niche, sont souvent perçus comme des pays plus difficiles à conquérir pour les artistes européens.

 

Constituer un réseau par visioconférences

En ces périodes où les tournées sont annulées dans toute la planète, des événements professionnels numériques peuvent permettre de se développer à l’international sans bouger de son salon. Grâce au développement des événements et des communications numériques, la pandémie de coronavirus a réduit les distances entre certaines régions du monde. "J’ai de plus en plus de facilités à organiser des opérations de networking en ligne entre professionnels de la musique français et asiatiques : tout le monde se met aux visioconférences, ça devient plus simple", constate Matthieu Datriguenave. "J'encourage complètement les artistes français qui rêvent de percer en Asie à se lancer aujourd'hui, les professionnels locaux sont moins mobilisés donc c'est plus facile d'attirer leur attention ! C'est une période de crise qui se profile, donc c'est le moment de chercher de nouveaux relais", ajoute-t-il.

 

Des réseaux sociaux à maîtriser

Une fois la prise de contact entamée, la période paraît propice aux opérations de synchronisation afin de se faire connaître à l'étranger via la musique de films ou de publicité. "En Asie du Sud-Est, il n'y a pas de Music Supervisor. Mais pour se faire connaître, on peut s'approcher des ''music house'', les producteurs de musique à l'image, qui sont toujours en quête de nouvelles sonorités pour enrichir leur catalogue", précise Matthieu Datriguenave. Malgré la fermeture momentanée des frontières, les artistes peuvent aussi rechercher des collaborations à distance avec des musiciens asiatiques : c’est l’une des voies royales pour approcher un public étranger.

 

Get wired

 

Pour Marine de Bruyn, project manager au Bureau Export, une fine connaissance des réseaux sociaux locaux est également nécessaire pour tenter de conquérir le public asiatique. De la Chine à la Malaisie en passant par le Japon, chaque pays a ses propres sites et applications, qui permettent de s’adresser à différentes communautés et à différentes classes d’âge. Pour comprendre cet écosystème complexe, une prise de contact avec des spécialistes locaux s’avère nécessaire. "Je prends souvent l'exemple de Tez Cadey, qui a été 58 fois disque de diamant dans le monde entier en 2018 avec son titre Seve, devenu viral grâce à une vidéo TikTok. », souligne Marine de Bruyn. « Le succès est arrivé un peu par hasard. Grâce à ce coup de projecteur, nous avons travaillé à transformer l'essai pour construire un profil local en Asie, par exemple en organisant une rencontre à Seoul avec des acteurs locaux".

 

 

Le livestream, nouvel outil de promotion

Le contexte sanitaire a aussi modifié la donne pour penser sa stratégie de développement en Asie. "Ces derniers mois explique Aurélie Leduc, chargée de mission musiques actuelles et jazz à l’Institut Français, nous nous sommes appuyés avec notre réseau culturel à l’étranger sur le succès du livestream dans la région, les professionnels se sont vite organisés pour monétiser les contenus notamment en Chine. Il faut profiter de ce moment pour préparer en amont la venue de l’artiste sur le territoire en commençant par une présence virtuelle, en plus des réseaux sociaux comme proposer des livestreams sur les plateformes locales, en partenariat avec des opérateurs de la région. Cela permet de rendre l’artiste visible très tôt sur le territoire concerné : référencement de l’artiste sur le web, quelques articles de presse qui lui sont dédiés. Il ne sera pas un inconnu total lorsqu’il viendra en personne" complète Aurélie Leduc. Attention toutefois à la qualité du contenu proposé. Si les concerts à la maison étaient "acceptés ou tolérés" pendant le confinement, les livestreams doivent être professionnels au risque d’être contre-productifs dans le cas contraire. Il faut ne pas hésiter à prévoir de la scénographie, travailler son discours…

 

L’appétence du public asiatique pour l’innovation

ette stratégie peut être un premier pas en attendant le retour à des projets structurels plus importants. L’Institut Français qui accompagne les artistes et les professionnels français dans leur structuration à l’international notamment en Asie développe des partenariats entre festivals construits sur un rapport de réciprocité comme il y a quelques années le festival la Magnifique Society en Corée et au Japon en lien avec Creativeman Productions. Autre initiative, l’invitation du festival Nuits Sonores en Corée dans le cadre de la saison culturelle France Corée. Des projets qui ont permis de découvrir les scènes asiatiques et de tisser des liens durables avec des acteurs forts de la région.

Un des axes de travail de l’Institut Français sur l’Asie est aussi d’accentuer la part liée à l’innovation en surfant sur l’appétence du public asiatique pour les expériences innovantes, les nouveaux concepts. "Penser autrement, proposer quelque chose de différent permet de se démarquer. C’est également un bon moyen de se développer sur le territoire" décrypte Gaëlle Massicot-Bitty, responsable du Pôle Artistes et Professionnels à l’Institut Français. "Favoriser la diffusion d'artistes et de projets innovants, musiques & arts numériques à l'international et notamment dans les festivals prescripteurs à l'étranger constitue l’un de nos enjeux. De même que nous valorisons des productions musicales en VR (réalité virtuelle), le livestream peut aussi être pensé comme une expérience nouvelle et innovante. Autant de projets que nous voulons développer avec nos partenaires étrangers".

 

C. Laborie

 

13 juillet 2020

 

Intéressé par le marché asiatique ? Voici les prochains événements à ne pas manquer

Get Wired les 16 et 17 juillet à Kuala Lumpur 
Créée en 2018 à Kuala Lumpur, Wired Music Week est l’une des plus importantes conférences dédiées aux musiques électroniques en Asie. Pour sa 2e édition, Get Wired (version en ligne de WMW) a construit (en partenariat avec l’Ambassade de France à Singapour, Le Bureau Export et la Sacem et avec le soutien de l’Alliance Française en Malaisie) le focus « Connect France » afin de mettre en lumière la scène et le marché des musiques électroniques français autour de tables rondes, ateliers et sessions de networking. 

 

Les autres événements à venir en Asie

Parmi les autres rendez-vous numériques à ne pas rater, on compte aussi Music Matters, organisé depuis Singapour du 14 au 18 septembre, mais aussi Sonik Philippines, du 16 au 18 octobre.

En octobre également, Zandari Festa, organisé à Séoul du 8 au 11 octobre, s’impose comme une occasion idéale d'entrer au contact avec le marché coréen, connu comme particulièrement difficile à conquérir.

Depuis le mois de mai, le Bureau Export, dispositif d'accompagnement des professionnels de la musique français à l'international, organise pour ses adhérents aussi les "(from) Home Export Days", une série de sessions de networking et de panels numériques bimensuels pour rencontrer des professionnels du monde entier.