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« Qui sera le prochain Avicii ? » Le collectif Cura se bat pour la santé des musiciens en France

 

Après une enquête alarmante sur le mal être des musiciens en France, le collectif Cura se bat pour créer des aides pour les musiciens fragilisés par la pression sociale, le manque de sommeil et les addictions. Ils appellent à des mesures concrètes de l’État. 

 

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© Wordley Calvo Stock

 

Par Trax Magazine
En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

Deux ans après le suicide du DJ suédois Avicii, qu’a-t-on fait en France pour mieux garantir la santé mentale et physique des musiciens ? Pas grand-chose, selon les membres du collectif Cura, créé début 2019 par une naturopathe, un beatmaker, un journaliste et une musicienne. Cette dernière, Suzanne Combo, est bien placée pour comprendre qu’il y a urgence. « En tant qu’artiste, j’ai souvent eu l’impression que je ne pouvais pas dire non malgré des conditions de travail éreintantes, par peur qu’on ne me rappelle jamais. Les instrumentistes, producteurs, chanteurs subissent une énorme pression liée au succès, c’est très fragilisant. L’environnement festif dans lequel nous évoluons expose aussi fortement aux addictions. Ajoutons à cela que de nombreux musiciens et professionnels du secteur, notamment ceux qui ne sont pas intermittents, ne bénéficient pas d’une couverture médicale complète. »

Pour étayer leur propos, les membres du collectif ont publié au mois d’octobre une enquête menée en ligne sur plus de 500 musiciens et professionnels du secteur. Une initiative inspirée par des sondages réalisés en Suède ou en Angleterre. En France, comme à l’étranger, le diagnostic est alarmant : un sondé sur cinq souffre d’anxiété ou de déprime, 31% des femmes interrogées disent avoir été victimes de harcèlement sexuel. 

 

Un guide pour détecter les symptômes

 

Quelles solutions attendre des autorités publiques ? Les bénévoles de Cura espèrent des actions concrètes, par exemple avec la création d’une ligne d’écoute pour les musiciens en détresse, comme celle de l’association britannique Help Musicians, ou encore un fond d’aide pour accéder aux soins, notamment psychologiques. « Plus largement, on voudrait que le sujet soit pris au sérieux par le ministère de la culture, celui de la santé et celui du travail. Pourquoi pas créer un groupe de travail entre ces trois tutelles, pour prendre le sujet à bras le corps », préconise Suzanne Combo. « Nous aimerions que les discussions sur la santé au travail ne se passent pas uniquement entre les partenaires sociaux, comme c’est le cas actuellement. Parce que dans ce cas, tout se retrouve à être à la charge des patrons, et ils ont tendance à freiner. ». 

Pour l’heure, Cura agit à son échelle, en préparant un guide de prévention à distribuer aux managers, aux artistes, aux studios de répétition et aux directeurs artistiques, un peu à la manière de celui déjà rédigé (en anglais) par l’Association For Electronic Music. L’objectif : aider à détecter les symptômes d’un problème de santé, et à se diriger vers les soignants adaptés.

Un peu à la façon de l’association APSArts, les bénévoles de Cura ont également créé un annuaire disponible en ligne pour trouver les meilleurs thérapeutes et médecins spécialisés dans les musiciens. À long terme, ils espèrent diminuer la stigmatisation des addictions et des troubles psychiques. Et démolir le cliché selon lequel un artiste doit souffrir pour être créatif.

 

C. Laborie

 

23 décembre 2019