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« Clean Scene », un projet pour convertir la scène électronique à l'écologie

 

Jamais la question environnementale n'avait pris autant de place dans le monde de la nuit. Car pendant cette mise sous cloche des clubs et des festivals, les DJs, bookers, promoteurs et labels ont eu le temps de prendre conscience des conséquences de leur activité sur la planète. Né en Grande-Bretagne, le projet Clean Scene amorce un dialogue international sur le sujet. Avec, pour commencer, la publication d'un rapport aussi éclairant qu'inquiétant sur l'impact carbone des artistes électroniques.

 

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We Love Green © Maxime Chermat

 

Par Trax Magazine
En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

A eux tous, les 1000 DJs du top élaboré par le site Resident Advisor ont pris 51 000 fois l'avion en 2019. Et parcouru 117 millions de kilomètres dans les airs. Conséquence : en moyenne, chacun de ces artistes émet 35 tonnes de CO2 par an dans le cadre de ses tournées – soit plus de trois fois plus qu'un Français moyen. Ce sont les conclusions du premier rapport publié par « Clean Scene », projet lancé en Grande-Bretagne sous l'égide de l'agence de conseil en développement durable Creative Sustainability. Les analystes ont également dressé un classement des DJs les plus émetteurs de carbone au monde, parmi lesquels on retrouve des Français comme Jennifer Cardini (à la 142e place) ou François X (à la 312e place).

Loin de vouloir blâmer les artistes, les auteurs de l'étude cherchent à démontrer les failles d'une industrie musicale basée sur une starification toujours plus forte des DJs, et où la consécration suprême pour les artistes est de pouvoir jouer dans un pays différent chaque week-end.

 

Explorer des alternatives

 

« Clean Scene » explore les alternatives possibles à ce système ultra polluant, et liste quelques suggestions à l'intention des acteurs des musiques électroniques. D'abord, en invitant chaque structure à mesurer son empreinte carbone et s'engager à la réduire. Pour les clubs, il s'agit de mettre l'accent sur la scène locale et sur des DJs résidents de qualité. Le public peut également prendre ses responsabilités en évitant de prendre l'avion dans le seul but de passer une nuit dans un club étranger. Les auteurs du rapport suggèrent également aux promoteurs de se coordonner pour permettre aux artistes de se déplacer en train d'un pays à l'autre.

A l'intention des artistes, ils ont même rédigé une charte à proposer aux clubs, afin de les inciter à réduire l'usage du plastique, à choisir des hôtels proches de leur lieu de travail et à se mettre en partenariat avec des services de taxi « verts ».

 

Un débat qui prend de l'ampleur en France

 

Le débat avait déjà émergé en France dès le printemps dernier, avec les engagements de l'Appel des Indépendants ou encore la tribune écolo signée par le DJ Simo Cell dans les colonnes de Libération. Autre exemple, le mouvement Music Declares Emergency, initié au Royaume-Uni en 2019, vient d'ouvrir une antenne en France. L'organisation indépendante, soutenue dans l'Hexagone par des figures comme Rone, Anetha et Manu le Malin, appelle les acteurs de la filière à agir maintenant en faveur du climat, avec pour objectif des émissions de gaz à effet de serre réduites à zéro d'ici 2030. La prise de conscience est bien réelle, les artistes et une partie du public attendent désormais des actes forts. 

 

C. Laborie

 

7 avril 2021