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Ces initiatives pour briser le plafond de verre des femmes dans la musique électronique

 

« Où sont les femmes ? ». C’est la question qui revient à la lecture de nombreux line-ups de festivals et de soirées électroniques. Pourtant, bien avant le mouvement “MeToo”, des initiatives pour mettre en avant les femmes DJ et productrices ont vu le jour. Comment briser le plafond de verre quand on est une artiste en devenir ? Lou Berlinger, qui a participé à la création de « l’Appel du 8 mars » et la DJ Bernadette, militante à « Woman’s Speech », nous montrent la voie.

 

 

Lou Berlinger par Paco Tyson

 

Par Trax Magazine
En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

Le plafond de verre est invisible, mais presque toutes les femmes s'y sont déjà heurtées dans leur vie professionnelle : difficulté à atteindre des postes à responsabilité, sentiment d'illégitimité, salaires moins élevés que les hommes... On le sait, le milieu de la musique électronique n'est pas épargné. Comment se lancer quand on a si peu de modèles féminins, comment croire en soi malgré les remarques sexistes ?

« et toi, t'es la copine de qui ? »

 

En 2017, quand Chloé Decret commence la musique électronique sous l'alias DJ Bernadette, « il n'y a vraiment aucune autre fille à Grenoble ». C'est pour se sentir moins seule qu'elle a commencé à donner des cours de musique à des amies. Et c'est comme ça que commence son engagement féministe : aujourd'hui, elle gère avec des consœurs le groupe Facebook « Woman’s Speech », dédié un dédié à l’entraide entre femmes et personnes queer qui travaillent dans la musique. Avec 700 membres, c’est le plus grand forum de ce genre en France.

DJ Bernadette veut d'abord se mobiliser contre le sexisme insidieux auquel elle a été souvent confrontée. « Une fois, un homme est entré dans une pièce et m'a demandé : "et toi, t'es la copine de qui ?" Il ne pensait pas à mal, à mon sens. C'est une misogynie très ancrée et d'autant plus dure à combattre. » Son premier conseil pour apprendre à réagir aux remarques « rabaissantes » : demander conseil à d’autres femmes. Par exemple via le réseau de « Woman’s Speech », « un lieu d’entraide bienveillant. Les musiciennes débutantes peuvent échanger avec des artistes plus confirmées pour obtenir de l’aide face au sexisme. », assure-t-elle. 

 

« L'important, c'est de faire »

 

Partager ses expériences, c’est essentiel. Mais combattre le sexisme dans la musique, cela passe aussi par la visibilisation des artistes femmes. C’est le cheval de bataille de Lou Berlinger, qui co-organise depuis deux ans « l’Appel du 8 mars ». Ce mini festival parisien « donne la parole à des femmes artistes et à des professionnelles du secteur » avec des tables rondes, des débats et bien sûr des concerts. Après avoir débuté sa carrière en Argentine, la DJ a été frappée par le sexisme du milieu électro parisien. C’est ce qui l’a poussée à entrer en féminisme. « Globalement, je me rendais compte que dans tous les festivals dans lesquels je participais en tant qu’artiste ou spectatrice, les femmes étaient mises en retrait », se souvient-elle. Avec « l’Appel du 8 mars », elle veut donner de la force à celles qui hésitent à se lancer. Son conseil : rester soi-même et croire en soi jusqu’au bout. « Oui, quand on mène une carrière de musicienne, on peut être sûre qu’on sera confrontée à des préjugés. Mais l’important, c’est de créer malgré tout », martèle celle qui a aussi travaillé au rayon électro d’un magasin Woodbrass. « Même si ce n’est pas parfait, ce n’est pas grave : il faut bien commencer ! ».

Donner aux femmes confiance en elles, cela passe aussi par les mots : DJ Bernadette appelle à éviter le terme « DJette », qui renvoie à quelque chose de « superficiel », « puéril ». Car son rêve le plus fou, c'est que les musiciennes soient considérées comme des artistes avant d'être jugées selon leur genre. 

 

Angèle Chatelier (avec Célia Laborie)

 

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4 octobre 2019