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Underscope, une nouvelle plateforme pour donner aux artistes électro français la place qu'ils méritent

 

Comment permettre aux acteurs de la scène électronique de récolter les fruits de leur succès ? C'est la question que se sont posés les créateurs du projet Underscope, le co-fondateur de Concrete Brice Coudert, l'ancien directeur général associé de Surprize Aymeric Cornille et David Bossan, directeur de la société d'édition District6. Avec le soutien de la Sacem, ils ont imaginé une plateforme hybride permettant de fédérer et de professionnaliser les scènes underground de l'Hexagone.

 

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© Aria Booking

 

Underscope est multifonctionnel, et c'est ce qui fait la force de ce projet. L'un de ses premiers objectifs, c'est d'accompagner les labels à gérer la distribution et l'édition de leurs sorties. Ensuite, les amener à médiatiser leur musique avec la création de playlists éditorialisées pour les plateformes de streaming et des relais personnalisés sur les réseaux sociaux. Au moment de son lancement, Underscope était déjà rejoint par près de 50 labels. Preuve qu'en cette période de crise, l'union peut faire la force. Nous avons posé quelques questions à Brice Coudert, co-créateur du projet.

 

A votre avis, pour quelles raisons les acteurs de la scène électronique restent si précaires, alors que cette musique est si populaire ?

Le coté « Do It Yourself » a toujours fait partie intégrante de la musique électronique, et beaucoup d'artistes et labels ont peur de rentrer dans un système qui ne leur semble pas adapté. Pour beaucoup d'entre eux, les éditions sont quelque chose de très nébuleux, qui ne leur semble profiter qu'aux gros artistes. Quant aux plateformes de streaming, il est très dur, voire impossible, d'obtenir des revenus consistants si la musique n'est pas mise en avant via de grosses playlists. C'est en fait un cercle vicieux. Moins les artistes touchent d'argent, moins ils ont de moyens de promouvoir leur musique. Et c'est exactement ce type de moyens que nous voulons apporter à la scène avec Underscope, pour transformer le cercle vicieux en cercle vertueux.

 

Comment l'idée de créer Underscope vous est-elle venue ?

Sur les 10 dernières années ma démarche a toujours été d'essayer d'apporter un support à la scène locale, via mes programmations à Concrete, Dehors Brut ou au Weather festival et via mes labels Concrete music et Lavibe. J'ai pu remarquer que beaucoup de labels et artistes n'ayant rien à envier aux meilleurs artistes étrangers, avaient d'une part beaucoup de mal à vivre de leur musique, et d'autre part trop peu de visibilité, notamment hors du territoire. C'est lors d'une discussion avec Quentin Courel (co-créateur de la très importante communauté FB les Chineurs et du label Comic Sans records) où nous mettions le doigt sur ces problèmes, que nous avons décidé d'essayer d'utiliser notre connaissance de la scène et de nos relations avec ses acteurs.rices pour essayer de trouver des moyens d'aider. Cela faisait aussi quelques années que je côtoyais David Bossan de la société District6, qui gérait pour nous les éditions des artistes Concrete et qui a fait un super travail. Je l'ai ainsi vite intégré à mes réflexions et ai pu profiter de son savoir faire pour ajouter un étage publishing à la fusée Underscope.

 

Pourquoi choisir de mêler édition, distribution et médiatisation ?

Avec Underscope, nous allons mobiliser des moyens considérables et passer notre temps à faire en sorte que la musique de nos labels soit d'avantage écoutée, partout dans le monde, et faire rayonner la culture française. Et pour cela, l'édition, la distribution et la médiatisation sont toutes aussi importants. Que les artistes soient inscrits dans des sociétés d'auteur.es ou pas, leur musique génère des revenus quand elle est diffusée. Il est donc important de se structurer pour être capable de récupérer ses revenus et éviter qu'ils soient répartis ailleurs. De la même manière, refuser d'être distribué de manière optimale et d’être mis en avant, reviendrait au même que d'ouvrir un commerce et ne pas mettre d'enseigne sur la devanture pour ne pas se faire trop remarquer... Être accessible sur toutes les plateformes et faire découvrir sa musique, ca n'est pas qu'une question d'argent. C'est aussi le moyen d'être écouté dans des pays plus lointains et par un public plus jeune qui n'a jamais écouté la musique autrement qu'en streaming. Toucher son public de base en vendant 300 vinyles, c'est important car c'est un acte fort. Mais faire écouter sa musique à un gamin de 19 ans en Ouganda ou au Brésil l'est tout autant.

 

A vos yeux, en quoi la présence sur dans les groupes Facebook dédiés à la musique électronique est-elle indispensable ?

Aujourd'hui, il faut être présent sur tous les réseaux sociaux et toutes les plateformes musicales, même si ça bouge très vite. Chaque génération et chaque typologie de public a ses réseaux préférés, ça évolue très vite. Par exemple, les très jeunes n'utilisent quasiment plus Facebook. À chaque apparition d’un nouveau réseau, comme Twitch par exemple, Underscope s’adaptera avec la réactivité nécessaire pour produire des contenus adaptés. C'est pour cela que nous présentons avant tout Underscope comme un media multiplateformes, qui se rend disponible sur tous les réseaux sociaux que les différents publics ont l'habitude de fréquenter. Nous voulons être partout où il y aura de potentiels fans de musique électronique.

 

La Sacem a accepté de soutenir ce projet ambitieux. En quoi est-ce important pour vous ?

On ressent le soutien de la Sacem comme une main tendue vers notre scène. Notre musique peut sembler être une niche car elle ne passe pas forcément par les circuits et les médias classiques, mais en réalité, elle représente une très grande partie de la production française écoutée à l'étranger. Et même en France, un club comme Concrete attirait 5000 personnes tous les week-ends, et le Weather Festival n'avait rien à envier aux plus grands festivals de pop music avec des fréquentations dépassant les 40 000 personnes sur deux jours. En nous soutenant, la Sacem confirme qu'elle comprend l'importance et l'impact culturels de notre musique, de nos artistes, et la nécessité de nous donner tous les moyens de nous développer.

 

En tant qu'artiste ou label, comment s'y prendre pour vous rejoindre ?

Il suffit de frapper à la porte de nos réseaux sociaux !

 

Le mot de lilian goldstein, directeur du service musique et spectacle vivant de la sacem : 

« C’est un projet à 380° avec une vision pour un développement des musiques électroniques qui intègre la diffusion, la production, l’édition, l’insertion et la mise en réseau. Face à la situation dramatique que connaissent aujourd’hui le monde de la culture et tous les artistes, la plateforme Underscope va mettre en place des outils indispensables pour les musiques électroniques. En apportant son soutien à ce projet, la Sacem va permettre à ses sociétaires d’utiliser ces outils essentiels à leur développement de carrière et à l’amélioration de leurs revenus »

 

Retrouvez Underscope sur Facebook et Instagram

 

C. Laborie

 

15 octobre 2020